Monday, May 28, 2007

Secret sunshine

60e Festival de Cannes. Sélection officielle. Le sobre «Secret Sunshine» sonde les limites de l'être humain.
Lee Chang-dong en éclat de crise
Par Didier PERON
QUOTIDIEN : lundi 28 mai 2007
Secret Sunshine de Lee Chang-dong (Corée du Sud), avec Jeon Do-yeon, Song Khang-Ho... 2 h 22.
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Une jeune femme, Sin-ae, quitte Séoul avec son fils Jun, 7 ans, pour s'installer dans la petite ville de Myriang où était né son mari, mort dans un accident de voiture. Elle veut repartir à zéro, acheter un terrain, se faire construire une maison et donner des cours de piano pour gagner sa vie. Mais, à peine arrivée, son fils est enlevé puis finalement retrouvé mort, noyé dans un canal. Le coupable est vite retrouvé et mis en prison. Sin-ae, fauchée par cette nouvelle tragédie qui endeuille son existence déjà sombre, est sur le point de devenir folle de douleur quand elle découvre la religion et se met à fréquenter assidûment le temple de la ville.



Mélodramatique. Le réalisateur sud-coréen Lee Chang-dong a d'abord été romancier avant de passer à la réalisation et de devenir, pendant un an, en 2003, le ministre de la Culture de son pays. C'est à la fois un intellectuel réputé et un cinéaste à succès. Peppermint Candy puis Oasis sont sortis en France, mais sans recueillir d'autres suffrages que ceux d'une critique elle-même relativement décontenancée par la fibre mélodramatique du cinéaste qui n'hésite pas à inventer des situations que d'aucun jugerait impossibles à filmer. Oasis, qui devait remporter plusieurs prix à la Mostra de Venise, racontait par exemple une histoire d'amour entre un jeune homme débile léger et une paraplégique. Réussir la séquence où l'un et l'autre avaient à même le sol leur première relation sexuelle est soit un exploit dans le registre de l'obscène soit la preuve d'une délicatesse de fond. Et peut-être les deux !
Lieu d'une crise. L'humain saisi dans ses états limites, physiques et psychologiques, le cinéma comme lieu d'une crise et non d'une catharsis, c'est à nouveau ainsi qu'on se prend en pleine figure Secret Sunshine . En fait de «rayon de soleil secret» ou de «lumière invisible», le récit interroge à travers la personnalité erratique de Sin-ae, déchirée par la double dépossession mortelle, d'abord de son mari puis de son fils, le statut de la créature en proie aux affres d'une existence dont elle cherche à comprendre le sens, les valeurs supérieures, par-delà ou en deça des épreuves et des obstacles. Y a-t-il un dieu qui regarde nos actes ? Pourquoi laisse-t-il assassiner un enfant innocent ? Pourquoi apporte-t-il la paix au criminel qui a rencontré la foi en prison ? Lee Chang-dong ne nous conduit pas vers une vérité ultime, et le temps qu'il prend, le sérieux qu'il met à regarder son personnage reprendre confiance au sein du groupe religieux ne rendent que plus intense le retour d'incrédulité qui pousse Sin-ae à bout et oblige ses proches à la faire interner. Le cinéaste, comme à son habitude, met toutes ses forces dans la vraisemblance des situations qu'il écrit et met en scène, et son style est le moins ramenard qu'on puisse imaginer. Cette sobriété était bienvenue, après un Festival dominé par des effets de signatures.
Rayonnante. Dans le rôle de Sin-ae, Jeon Do-yeon est tout simplement exceptionnelle. Elle est pendant deux heures vingt à l'écran, d'abord rayonnante puis hébétée, illuminée de Dieu puis ravagée par le sentiment du désespoir et de la déréliction.

Comments from the mouse: I loved Oasis and Peppermint candy, so I guess I'll love that film too

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