Friday, April 20, 2007

naver, daum, cyworld, mini hompy...

Un petit post que j’avais envie d’écrire depuis un petit bout de temps. Vous savez que je ne suis pas une fervente technophile, je dirais même que j’ai un mauvais karma avec tout ce qui est électronique, mais bien sûr, une fois que je m’y habitue, ou que le design de la bestiole me plait (je pense à ces charmants téléphones LG et les ordis portables LG… damned !).
Donc, observant la Corée depuis quelques mois déjà, je me devais de vous pondre ce post sur… internet bien sûr !

Ne me demandez pas des trucs particulièrement complexes. D’ailleurs, pour tous ceux qui sont intéressés par la téléphonie mobile, les trucs techniques etc, je vous renvoie sur le blog sérieux tenu par ma collègue Hanna (http://urban.blogs/seoul). Tout pleins de termes barbares pour la technosaure que je suis (déso, Hanna…). Mais bon, pour ceux qui veulent un état des lieux de la géopolitique technologique en Corée…

Comme vous le savez peut être, les moteurs de recherche les plus utilisés en Corée du Sud sont daum et naver. Pour des raisons obscures Google tente de s’implanter, mais pour le moment, naver et daum sont plus fort. Pour les raisons de la position oligopolistique de naver et daum, justement, de mémoire, un article de Hanna sur son blog devrait vous aider. Pour le moment, mon niveau de coréen restant désespérément médiocre, je n’utilise naver.com pour son dictionnaire coréen-anglais vachement pratique (ils mettent même des gros mots, je fus choquée, lol) et daum pour le site d’achat de billets d’avion pas cher.

Maintenant, passons au chapitre mini hompy de cyworld.
Pour un travail de recherche marrant, attendez avec impatience la thèse de Miran Shin from UCL sur la façon dont les gens s’habillent dans la vraie vie et la façon dont ils customisent leurs avatars. Une partie ethnographique de la recherche de Miran consiste à fouiner dans les placards des détenteurs de mini hompy. Ça doit être funky ! (Du coup, par déformation professionnelle, Miran adore fouiner dans les sacs des autres et adopter une démarche participative, en dénichant vos chocolats et en les finissant, tiens ! Miran, kenchanayo, seemed you enjoyed my hebaragi chocolates).
Une mini hompy, kesako?
A l’heure du web.2…. mmmm, mon entrée en matière ressemble à ces intro de dissert médiocres en philo en terminale, du genre, « de tout temps, les hommes… »
Bref, depuis quelques années, je dirais même, à vue de nez, quelque chose comme il y a au moins 6 ans, les Coréens possèdent sur le web une page personnelle financée/lancée par SK télécom (un des gros opérateurs de l’oligopole de la téléphonie mobile). Le genre de page sur lesquelles vous mettez vos infos perso, vos photos (stockage illimité). Jusque là, rien qui change d’un ringo, hi5 ou friendster, me direz vous. Sauf que… la nouveauté chez cyworld, c’est que nous avons peut être ici un précurseur de Second Life [vous savez, ce mode de vie parallèle sur le web] [Ceci n’est qu’une idée, une hypothèse, donc si je me plante, vous avez le droit et le devoir de m’écrire des commentaires saignants]. Cyworld propose donc de se créer une identité parallèle sur le web, où vous avez un avatar, qui vit dans un environnement donné. Bien sûr, l’avatar, au début, il faut l’habiller et customiser son environnement, ce que vous faites en achetant des vêtements et du mobilier, avec une monnaie web (que vous achetez cependant avec des espèces sonnantes et trébuchantes). Bref ; le genre d’investissement infini. Mon chef nous avait sourire quand il nous racontait que sa fille, partie aux States avec sa femme et son fils pour un an, avait créé son mini hompy pour que son papa puisse voir que tout va bien pour sa fille, et que maintenant, elle demande à son papa d’acheter de la monnaie cyworld pour customiser son avatar…
La question qui risque bien sûr de me tomber dessus, c’est bien sûr : mais, petite souris, as tu ta propre mini hompy sur cyworld. La réponse est non, non pas que je n’ai pas tenté la chose, mais tout simplement parce que cyworld n’est ouvert qu’aux nationaux coréens et aux étrangers munis d’une alien registration card, ce que je n’ai pas (sinon, je ne serais pas au Japon en ce moment !). Par contre, j’ai bien sûr succombé à la secte facebook depuis belle lurette. C’est supra pratique, je ne le dirais jamais assez et peu de mes amis français s’y sont mis. Pour le moment, c’est un moyen efficace de rester en contact avec mes amis anglophones en Corée !

Cette explication anecdote sur cyworld me mène à ma petite touche critique sur tout ceci… Tout portait à croire que l’internet devait être l’un des fers de lance de la mondialisation (et blablabli et blablabla, je vous fais l’économie de toute la littérature afférente). Un instrument qui en tout cas rend obsolète frontières spatiales et temporelles (surtout quand je joue les ziboux à chatter avec mes amis français à 3h du mat ? lol). La Corée du Sud prétend être le pays le plus relié à internet. Je dois admettre que ça a ses côtés pratiques, les PC bangs ouverts 24/7, le fait que je parvienne à pirater le wifi de je ne sais qui depuis que le cable ethernet de mon cagibi seoulite semble avoir rendu l’âme… Où est le revers de la médaille ?? Je dirais tout simplement, dans la volonté de territorialiser/nationaliser internet, que l’on ressent dans les politiques menées ici en Corée. Un exemple tout simple pour illustrer. Pour l’utilisation de certains sites (je pense à KBS, SBS, MBC… au hasard), il faut vous enregistrer sur leur site ce qui suppose de leur laisser vos coordonnées civiles (le numéro d’identification en Corée, soit l’ID coréen, ou l’ID de l’Alien registration). Nul besoin de préciser que je me fais totalement avoir dans l’histoire (ainsi, si quelqu’un pouvait me faire une inscription web chez ces 3 chaines, pour que je puisse avoir accès à Full House pour nada… Oui, les rain/pi fans, Full house gratos !), et que je ne peux donc avoir accès à certaines pages internet…
Qu’est ce que cela me pose, comme problème ? Il me semblait que internet était par excellence l’instrument d’une démocratisation de l’information, un des vecteurs des communautés épistémiques (piste de recherche pour mon éventuel doctorat). Bien sûr, je suis contre les affreux messieurs qui vont chasser les jeunes filles innocentes sur le web. Je veux bien croire que la démarche côté coréen sert à responsabiliser les utilisateurs d’internet, mais quand ça devient vraiment une contrainte allant à l’encontre de l’esprit de liberté qui était le fondement d’internet… ça me laisse songeuse.
Je finis par une anecdote, qui montre les bienfaits du web.
Pour mémoire, je « faisais du terrain » (comme on dit dans le monde de la recherche) et faisais des entretiens auprès de fans japonais de culture pop coréenne pour mes propres archives [notamment, un prochain article sur « tears and Korean dramas : the cathartic function of Korean dramas in the Japanese society»]
Mes fans ne sont pas toutes jeunes, comme vous pouvez vous en douter (moyenne d’âge 60 ans…).
Donc, il m’arrive quand même parfois de poser la question des sources, des moyens d’alimenter la flamme etc, en gros, comment mes fans font pour en savoir plus sur leurs chéris coréens. A ma grande surprise, certaines dames n’hésitent pas à s’inscrire à des cours d’ordinateur et d’internet, pour se mettre à surfer sur le net à la recherche d’infos sur leurs sweeties, mais aussi à partager/créer de l’information, et c’est d’ailleurs ce qui me mène à me balader du côté d’idées telles que la constitution de communautés epistémiques via le net et via la culture pop (pour ceux à qui ce genre de termes donne des pustules, c’est normal, c’est une partie du projet de thèse…). Plus intéressant encore, la culture pop va permettre à ces dames de surmonter leur timidité, de nouer des relations sociales, et de surpasser les barrières générationnelles pourtant propre à la technologie (j’ai eu d’ailleurs quelques amorces de conversations intéressantes avec mon chef qui travaille aussi sur internet et les effets générationnels). Le degré de technicité ne serait plus un obstacle, et participe de l’épanouissement d’une génération de dames qui apprennent à exprimer ce que la société jusque là ne leur avait pas permis de faire.
Voili voilou pour aujourd’hui…

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